[ November 20, 2020 0 Comments ]

Exclusif : “La culture start-up au Maroc, un acteur majeur de l’économie de demain. “Interview avec Amine ETTAYEB, PDG NITRO INVEST UK LTD, Consultant en management stratégique, Professeur Universitaire et Conférencier.

1. Pensez-vous que le Maroc est un terrain fertile pour l’entrepreneuriat ? Et, est-ce que, selon vous, nous avons cette culture entrepreneuriale ?

Pour répondre à ta première question, notre pays possède les ressources humaines et les compétences nécessaires au développement de l’entreprenariat, la preuve ce sont les multiples entreprises et les multinationales qui ont pris la décision de délocaliser une grande partie de leurs activités au Maroc, et qui sont satisfaits des résultats obtenus tout au long des années précédentes.

Toutefois, notre système éducatif et d’enseignement privilégie le salariat et le présente comme étant une sécurité qui offre de la stabilité financière.

La prise de risque , je dirais « mesuré » et l’aventure entrepreneuriale n’est pas un sujet évoqué lors du cursus de la formation et elle reste accessible à une minorité qui a fait le choix de nager contre le courant.

2. Qu’en dîtes-vous sur les programmes d’accompagnement des start-up au Maroc ?   

Personnellement, je vois que les efforts fournis ces dernières années constituent un pas vers le changement, d’ailleurs beaucoup de programmes ont été mis en place pour favoriser la culture entrepreneuriale et le lancement des start-ups, mais ils demeurent insuffisants puisqu’ils ne répondent qu’à l’aspect financier  et sont orientés vers la facilitation de création de business ; ce qu’on appelle les programmes d’appui financier qui vise à sécuriser le démarrage et levée de fonds.

En revanche, la réussite d’une start-up ne dépend pas que du volet financier et l’originalité de l’idée qui sont très importants bien évidemment, mais aussi de la stratégie choisie, de son déploiement et le suivi qui garantit un post déploiement réussi. Préparer des programmes d’accompagnement plus larges présentés par des consultants et/ou des professionnels qualifiés dans la stratégie , le management, la gestion des ressources humaines, reste un élément indispensable à la réussite de cette finalité de croissance rapide et efficace.

Je cite l’exemple de l’Estonie, ce pays qui est devenu la destination pour les jeunes entrepreneurs du monde entier grâce à son approche facilitatrice de la croissance des business d’innovation , donc la culture Start-up.

3. Quels sont les freins majeurs à l’entrepreneuriat aujourd’hui  ?

Commençant par le côté financier, qui représente un frein majeur chez les jeunes entrepreneurs.

Plusieurs actions ont été mises en place par le gouvernement afin de répondre à cette problématique, je parle du projet INTILAKA qui a été lancé en 2020. Il est à noter qu’il résout une partie de la problématique en validant que les projets à risque minime voire des projets classiques avec des retours sur investissements connus historiquement, en négligeant malheureusement une bonne partie qui peuvent être innovateurs et à forte valeur ajoutée.

Reste un deuxième frein qui est la qualification des jeunes entrepreneurs, comme vous le savez l’entrepreneuriat nécessite un bagage diversifié et complet, une expérience solide dans le secteur d’activité cible, pour pouvoir  répondre aux exigences d’évolution du business. Pour ceci on peut renforcer les programmes d’accompagnement en mettant en place des programmes de formation en continu afin de les accompagner dans la prise de décision et maximiser leurs chances de réussite.

4. Selon vous, quelles sont les questions cruciales à poser/se poser avant de lancer une start-up ?

Comme je l’ai toujours dit lors de mes formations, faut savoir que lorsqu’on décide de lancer une start-up, ça devient une raison d’être.

Et selon le modèle japonais, on doit être au centre d’IKIGAI, donc, répondre à :

C’est ce que vous aimez faire.

C’est ce dont le monde a besoin.

C’est ce en quoi vous êtes doué.

C’est ce pourquoi vous êtes payé

 

5. Choisissez 4 start-up marocaines que vous admirez.

          Guichet.ma

          BOOSH fabrique et commercialise des babouches en cuir haut de gamme

          Carmine est le premier concept qui propose le car-sharing au Maroc.

          Moteur.ma

 Un dernier mot ?

Nous sommes dans un monde dont l’évolution est continue et rapide, les besoins d’hier ne sont plus valables aujourd’hui.

La culture start-up est une culture d’anticipation de besoin pour être acteur majeur de l’économie de demain.