[ February 25, 2021 0 Comments ]

[Interview] Mehdi GRINY – Directeur de site et Expert en relation client – Fidélisation des collaborateurs : le pourquoi du comment…

1/ En quoi la fidélisation des collaborateurs est-elle un enjeu pour l’entreprise ?

Quand un collaborateur intègre une entreprise, il intègre un groupe. Ce groupe, mise et investit en lui : en le formant, en l’encadrant et aussi en lui inculquant les valeurs et cultures d’entreprise. Tous ces éléments sont un investissement matériel et immatériel important pour la société. Grâce à un groupe de personnes dans une entité, nous créons un socle d’ambassadeur, une marque employeur, et une réputation, qui deviennent plus sexy pour les futurs potentiels et un port d’attache pour les collaborateurs internes. L’entreprise a tout intérêt à fidéliser ses collaborateurs pour créer ce microcosme qu’on appelle ADN de la société. Sans cela, l’entité rentrera dans un éternel recrutement, formation sans fin, qui épuisera ses ressources humaines et matérielles.

2/ Quelle est la différence entre la fidélisation et la motivation ?

Ce sont 2 aspects complètement différents en termes d’échelle de considération. La Motivation est un état d’esprit instantané, par rapport à un événement précis, ou un boost de mes pairs ou mon responsable, qui risque de s’estomper suite à un événement ou action venant des mêmes interlocuteurs. Elle peut être aussi un état d’esprit ou suite à un réel plan d’action de remise en cause lancé par l’intéressé ; appliqué au monde du travail, un manager devra continuellement motiver ses équipes, à travers de l’échange, donner du sens au travail, responsabiliser ou motiver matériellement. Les études les plus intéressantes dans le domaine du management montrent que si on s’intéresse à l’humain, au lieu du résultat, nous pouvons implicitement atteindre ce résultat. La fidélisation est un fait plus durable dans le temps, je ne peux pas en un claquement de doigts fidéliser, mais il me faut des semaines, des mois, parfois des années pour arriver à fidéliser un collaborateur. C’est une sorte de confiance qui est bâtie chaque jour, à chaque instant d’échange, en donnant du poids aux valeurs du groupe, en appliquant quotidiennement l’ADN de ce groupe. Le plus important est de faire en sorte que le collaborateur réussisse à comprendre le « Pourquoi » il est dans cette entité. Quelle est sa place dans cette entité ? Et s’il s’y sent bien.

3/ Quelles sont les étapes pour fidéliser ses collaborateurs et quels en sont les outils ?

Pour qu’une politique de fidélisation soit réussie, les entreprises n’ont pas de manuels qui dit : « comment fidéliser en 10 Étapes», « cela serait utopique… ». En revanche, chaque entité dispose d’un ADN, de valeurs sûres, sur lesquelles, elle a bâti sa réputation, l’idée est de faire adhérer le collaborateur à ces valeurs. Donner du sens à ces valeurs et faire en sorte que chaque collaborateur s’y retrouve. Les valeurs basiques devront être à mon sens : la transparence, l’équité, le respect mutuel et l’esprit d’équipe. Tout être cherche ses valeurs de base dans un espace de travail, l’idée est de leur donner vie, chaque jour, en faisant très attention à ce que toute la ligne managériale adhère et applique ces préceptes. À travers quel outil ou data mesurer la fidélisation des collaborateurs ?”, une question intéressante, je citerai un indicateur important : le Turn Over, la marque employeur d’un groupe se jauge à son TO subi. Dans les grands groupes, on utilise des enquêtes de satisfaction annuelles ou mi-annuelles qui relèvent tous les sujets de vie quotidiennes du collaborateur, et qui peuvent à coup sûr donner une météo claire de l’ambiance sociale ; et à travers cela, challenge aux dirigeants de mettre les plans d’action adéquats et cela est en soi-même, une action pour fidéliser. C’est-à-dire : « vous avez partagé avec nous vos souhaits, regardez-nous lancer les actions correctives rapidement ».

4/ Dans le contexte sanitaire actuel, critique et incertain, trouvez-vous que les structures s’investissent de moins en moins dans la fidélisation de leurs collaborateurs, tenant compte de la crise économique ?

Je dirais que les structures qui ne sont pas stables, ni ayant des valeurs sûres, peuvent profiter du contexte pour s’alléger en masse salariale et licencier ou moins investir dans la fidélisation. Par contre, les entités ayant un ADN fort, voient en cette crise, une opportunité de renforcer les liens, partager davantage les difficultés, les réussites, investissant dans des outils permettant un maintien continuel du lien avec les collaborateurs, innovant en management agile et bienveillant pour montrer à chaque collaborateur qu’il a sa place dans le groupe. Ces actions sont un levier inestimable pour pousser le collaborateur à être encore plus fidèle qu’avant, nous sommes tous des animaux sociaux, nous avons besoin d’appartenir à un groupe social.