[Interview] Leïla Bazzi – Avocate de formation, Directrice Éthique et conformité, Créatrice du Podcast les Inspiratrices, Révélatrice de talents féminins : “La femme africaine : entre équilibre professionnel et personnel.”
1/ Parlez-nous brièvement des avantages acquis lors de la réalisation d’objectifs de développement personnel.
Les avantages sont nombreux :
- Une meilleure connaissance de soi,
- Un alignement avec son moi authentique et ses valeurs,
- Des objectifs de vie privée / professionnelle plus clairs et des priorités claires,
- Epanouissement de soi.
2/ Selon vous, quels sont les freins derrière l’épanouissement d’une femme dans son métier / sa carrière ?
Dans mon podcast Les Inspiratrices, je prodigue des conseils de développement personnel et développement de carrière pour les femmes qui souhaitent percer leurs plafonds de verre et les encourager à devenir leurs premières alliées.
Les femmes ont tendance à se dévaloriser par manque de confiance en elles, elles sont aussi victimes du syndrome de l’imposteur ou encore celui de la bonne élève. L’ensemble de ces croyances limitantes constituent selon moi, l’un des obstacles majeurs. Ne se sentant pas à la hauteur, elles vont revoir leurs aspirations à la baisse et ne pas exploiter leur plein potentiel. Plus les femmes prendront conscience de leur puissance et de leur force, plus elles seront en mesure de faire tomber ces barrières pour progresser et ainsi prendre plus d’espace. Elles doivent être leurs premières alliées.
Aussi, les obstacles restent nombreux aujourd’hui en l’absence de politique de mixité professionnelle solide, de politique d’accompagnement au retour du congé maternité de la femme, de flexibilité d’aménagement des horaires du travail, de disparité salariale, etc.
D’ailleurs, certains pays européens n’ont pas hésiter à légiférer pour assurer un traitement égal entre la femme et l’homme notamment en matière d’égalité salariale obligatoire (Islande en 2018), ou encore pour assurer un nombre suffisant de femmes dans les conseils d’administration des sociétés du CAC 40, en France avec la loi Copé- Zimmermann en Janvier 2011 (qui a fêté ses 10 ans tout récemment), relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle. L’Allemagne a tout récemment imposé la présence des femmes dans les comités exécutifs. Décision historique. Et la France vient d’emboîter le pas aussi. S’il faut passer par des lois imposant des quotas au Maroc pour rattraper les écarts hommes-femmes, j’y suis favorable.
3/ Y’a-t-il une recette magique pour trouver la cohérence entre ce qu’on fait (métier) et ce qu’on a envie de faire (passion) ? Si oui, comment ?
Il n’y pas de recette magique selon moi. Certaines personnes ont réussi à trouver cette cohérence dès le début de leur carrière professionnelle. D’autres le découvrent plus tard, à travers différentes expériences. Chaque personne a son propre rythme vers la quête de cohérence, de sens.
La question du sens n’a jamais été aussi importante que ces derniers temps. La crise covid-19 a accéléré pour de nombreuses personnes cette quête de sens. Beaucoup se sont d’ailleurs rendu compte que leur travail était un travail « bull shit », dépourvu de sens et certain.e.s ont parfois tout quitté.
Je pense que c’est un long cheminement qui nécessite aussi une introspection intérieure pour découvrir ce fameux Ikigaï, leur raison d’être.
Ikigaï est un mot japonais qui vient d’“ik i“ qui signifie « vie, vivant » et de « gai » qui veut dire « effet, résultat, fruit, valeur ». Ikigaï est la vie qui vient du résultat. Les japonais l’utilisent pour exprimer leur raison d’être, leur joie de vivre, leur mission de vie, la raison qui les motive à se réveiller chaque matin, ce qui les fait « KIFFER ».
Souvent, nous l’ignorons tout simplement, en l’absence de connaissance suffisante de soi-même ou en l’absence de temps pour s’autoriser à le découvrir. Chaque personne a un Ikigaï, voire plusieurs Ikigaï. Notre mission de vie peut évoluer dans le temps, en fonction de nos différentes expériences.
L’Ikigaï peut se refléter à travers un talent inné, naturel et intrinsèque qui va s’exprimer sans aucun effort (vs une compétence qui va s’apprendre). Laissez votre « zone de génie » s’exprimer qui vous conduira dans un état de FLOW (perte totale de la notion du temps).
4/ Avez-vous des recommandations aux femmes africaines, particulièrement la femme d’affaires souhaitant se reconvertir/ réorienter sa voie professionnelle ?
Tout projet de reconversion professionnelle nécessite d’être mûrement réfléchi et il est important de comprendre les raisons motivant chaque personne à se réorienter : projet entrepreneurial, plus de flexibilité, maîtriser son temps de travail, projet porteur de sens, meilleure qualité de vie, nouvelle expertise, environnement, meilleure rémunération, etc.
Les recommandations que j’aurai à donner seraient les suivantes notamment :
- Prendre le temps de la réflexion et de mener aussi cette introspection intérieure pour définir un projet en cohérence avec sa personne et ses valeurs (expertise, domaine d’activité, environnement, etc.),
- Etablir un bilan de compétences et se faire accompagner si besoin par des professionnels de la reconversion professionnelle,
- S’entourer, interroger son environnement, etc.
- Analyser le marché et voir quelles opportunités peuvent correspondre au projet de reconversion / ou quelle opportunité créer
- Etablir une feuille de route avec des jalons.
Le plus important est de ne pas se précipiter et prendre le temps d’analyser pour mener à bien ce projet de reconversion professionnelle.