[ December 21, 2020 0 Comments ]

[Interview] Mehdi KABBADJ – Fondateur de KLF Com : «L’entrepreneuriat des jeunes au Maroc, opportunités et défis ! »

I – Comment définissez-vous l’entrepreneuriat des jeunes au Maroc ?

L’entrepreneuriat au Maroc, depuis plus d’une décennie est en train de connaître des mutations révolutionnaires, à l’image de ce qui se passe au niveau international. Et ce mouvement ne fera que s’accélérer au cours des prochaines années.

Il est difficile de donner une définition précise et exhaustive de l’entrepreneuriat, mais à mon point de vue, je peux citer quelques caractéristiques fondamentales qui définissent l’entrepreneuriat .

  1. L’engagement et la passion du jeune entrepreneur à réaliser des projets de vie et de carrière, qui libère les énergies, apportent de la valeur, de la richesse, permettent un épanouissement et un bonheur personnel et au-delà être en mesure de soutenir beaucoup de personnes qui n’ont pas eu la chance d’avoir une formation adéquate et des conditions favorables incitatives.
  2. Une attitude positive, qui perçoit l’échec comme une sorte de motivation et d’incitation, et non comme un drame qui va inhiber les énergies, la motivation et l’initiative. Pour moi l’échec et l’erreur, sont constamment une source d’apprentissage et des moyens de trouver des solutions innovantes et originales.
  3. L’entrepreneuriat est d’abord une démarche rationnelle et pragmatique, qui s’appuie sur des méthodes de gestion modernes et assez flexibles, qui prennent en considération l’environnement général de l’entreprise, dans toute sa complexité (Économique, sociale, réglementaire, technologique, compétences des RH)
  4. L’entrepreneuriat moderne s’appuie également sur un travail en réseau, de partenaires fiables et performants (Clients, Fournisseurs, financiers, relais commerciaux…). Il doit y avoir un travail continu pour sélectionner et animer ce réseau, pour maintenir une motivation de tous ses membres, à contribuer à son excellence et son succès. La tâche pour l’entrepreneur, quoiqu’elle soit exigeante, elle permettra de réussir plus facilement, et d’affronter d’énormes obstacles.
  5. L’entrepreneuriat, est aussi exigeant, en quantité et qualité de travail organisé, avec une rémunération au démarrage, très limité pour l’entrepreneur. Il faut être conscient que fournir des sacrifices personnels sont indispensables (Travail de plus 14 h par jour, accepter des revenus réduits, accepter les difficultés commerciales et techniques du métier, répondre efficacement à la demande des clients…). L’entreprenariat actuellement, est en quelques sortes, un projet titanesque, vue l’exacerbation de la concurrence (loyale et déloyale), ainsi que les mutations technologiques très rapides.
  6. L’entrepreneuriat moderne, doit s’appuyer sur les nouvelles technologies à tous les niveaux de l’activité de l’entreprise (Production, Vente, Communication, Organisation…), et l’entrepreneur doit être à l’affut de ces nouvelles technologies, pour pouvoir les intégrer d’une façon intelligente, afin d’améliorer la productivité et la compétitivité de son entreprise.

II- Parlez-nous un peu de votre expérience personnelle avec ce parcours ? 

D’abord toute expérience entrepreneuriale, ne peut qu’être originale et spécifique. Aussi, ma modeste expérience est encore très jeune, pour pouvoir tirer de grands enseignements.

Il faut dire que je continue à apprendre de mes échecs et de mes réussites.

Toutefois il ne sera pas inutile, de lister quelques étapes importantes dans ma carrière entrepreneuriale :

  1. L’étape avant lancement du projet : Caractérisée d’une part par une recherche d’opportunités, en réalisant une petite étude de marché, et en optant pour la méthode SWOT (Forces-Faiblesses, Opportunités-Menaces), et d’autre part à travers la recherche de financements intéressants pour pouvoir me lancer dans ce projet. Je considère que ma famille et mes amis m’ont apporté un appui crucial, sans lequel je ne pouvais me lancer.
  2. L’étape de démarrage : Elle était une étape d’apprentissage, car mon expérience professionnelle, poste diplomation, a été très limitée, et n’a pas été suffisante pour me donner tous les outils managériaux, nécessaires à une activité aussi exigeante, et aussi concurrentielle. Il a fallu travailler très dur, s’appuyer sur un réseau d’amis, de connaissances, pour pouvoir commencer à capter des clients intéressants, et récurrents.
  3. L’étape de l’activité pré-optimale : qui est celle de la période actuelle, et pendant laquelle, j’ai pu réaliser des performances, et capter de gros clients ; c’est une phase d’exigences continues, et de compétition acharnée, jalonnée de difficultés, et d’un certains nombres d’erreurs, auxquels j’ai pu y remédier progressivement.

III- À votre avis, quelles sont les opportunités et les obstacles auxquels il faut s’attendre ?

Comme j’ai dit auparavant, ma démarche et mon style de management, est assez positif. Je m’appuie essentiellement sur les opportunités qui peuvent s’offrir à moi, dans un cadre de dynamisme et d’action, qui sont des catalyseurs à l’apparition d’opportunités intéressantes.

Les obstacles, ne sont nullement négligés, mais au contraire, ils sont pris continuellement en considération, avec tout le sérieux nécessaire, pour renforcer mes compétences et mon savoir faire.

Je me considère comme un joueur en début de sa carrière, qui essaie d’exceller dans son sport et autant que je serais capable d’y faire face, de dépasser les obstacles, autant je serais heureux et je gagnerais plus, à tous les niveaux.

Pour moi, le bon entrepreneur est celui qui est constamment à la recherche de nouvelles opportunités, et se fait une joie de sauter tous les obstacles, avec passion et motivation, pour mieux apprécier le fruit de son labeur assez mérité.

IV- Selon vous, quelles sont les clés de réussite d’un jeune entrepreneur ?

Les principaux facteurs clés de réussite pour un jeune entrepreneur qui démarre dans son projet entrepreneurial, sont à synthétiser dans les points suivants :

  1. Une jeune expérience entrepreneuriale doit s’appuyer sur le soutien des personnes qui croient en votre énergie, capacités, combativité, et qui t’appuient aussi bien financièrement, psychologiquement, qu’en termes de conseils et d’orientations stratégiques et opérationnelles.

J’estime que j’ai été chanceux à ce niveau, mais c’est aussi grâce à toutes mes qualités personnelles, en terme d’engagement et de dynamisme.

  1. Savoir travailler, d’une manière très acharnée, dans des conditions de stress et de pressions diverses, avec une rémunération très limitée.
  2. Savoir être modeste, à l’écoute des autres, et savoir servir et inspirer confiance.
  3. Savoir être méthodique et organisé, pour améliorer l’efficacité et la performance de mes actions et celle de mes collaborateurs.
  4. S’appuyer sur les techniques modernes de communication digitale (Site web référencé, Réseaux sociaux, Lives Instagram…)
  5. Chercher à développer un réseau de partenaires fiables et performants, aussi bien des fournisseurs et des clients, que des prescripteurs.
  6. Accepter l’échec et les difficultés et essayer de les exploiter comme moyen d’amélioration et de perfectionnement.

V- En ce contexte de pandémie actuelle, est-il judicieux de se lancer dans cette aventure proactive ? (Et pourquoi ?) 

Je pense qu’il n’y a pas de meilleurs moments pour lancer des affaires, qu’il faut être toujours guidé par les opportunités qui se présentent et notre capacité à les capter avec toutes les exigences managériales de très haut niveau ainsi que des moyens financiers conséquents.

Toutefois pour les périodes de crises, comme celles du Covid-19, elles restent à mon avis des moments exceptionnels pour se lancer dans les affaires, ou investir en général.

Pourquoi ? Tout simplement parce que ce sont des périodes d’assainissement économique, qui éloignent la mauvaise concurrence qui gêne les entreprises saines à progresser normalement et qui permettent un accès plus ouvert aux marchés. C’est aussi une période où les ressources financières, ainsi que les ressources humaines de très bon niveau sont disponibles à un coût très abordable.

Je pense venir avec un projet innovant, qui répond à certaines problématiques du marché, et au bon moment (Peut-être en ce moment, juste après cette crise), avec des moyens adaptés, est garant d’une réussite assez probable.